Les auteurs du traité semblent faire une interprétation philosophique des énoncés en les modifiant afin de trouver des correspondances dans les verbes coptes. Tel est le cas de l’oméga long ou double qui fait partie de l’interprétation de ⲁⲱ. Le long ou double oméga dans le texte (ⲱ’ⲱ’) évoque le verbe copte ⲱⲱ (= concevoir, engendrer), à partir duquel on déduit l’idée de produire ou donner naissance (ϣⲱⲡⲉ) au dernier « accomplissement (ⲡϫⲱⲕ ⲛⲛϫⲱⲕ ⲧⲏⲣⲟⲩ) ». De plus, cette interprétation de ϊⲁⲱ suggère l’hypothèse d’un certain lien avec la manière dont sont décrits les trois moments de la genèse du Deuxième principe (l’Intellect) dans les Traités 10 (V, 1), 7 ; 11 (V, 2), 1 et 38 (VI, 7), 16, de Plotin, en particulier avec la description donnée de l’Intellect, de la génération et de l’ordre des réalités qui viennent après le Premier dans le Traité 11 (V, 2), où il est posé que la réalité engendrée par l’Un se retourne vers lui et est fécondée et, tournant son regard vers lui pour le contempler, elle devient de cette manière être et Intellect.
Nous soulignons aussi une proximité entre la Pistis Sophia et le Traité 11 (V, 2) de Plotin : la construction copte ⲡⲧⲏⲣϥ ⲉⲓ’ ⲉⲃⲟⲗ traduite par « le tout a émané », les termes ⲥⲉⲛⲁⲕⲧⲟⲟⲩ ⲉϩⲟⲩⲛ (« ils retourneront à l’intérieur ») et le verbe copte substantivé ϫⲱⲕ qui a aussi le sens de fin et de plénitude.
Par ailleurs, au sujet de l'énoncé barbare, le texte associe au nom de ïa les appellatifs de « petit » (ⲡⲕⲟⲩⲓ̈ ⲛϊⲁⲱ), de « grand » (ⲡⲛⲟϭ), de « higoumène ou guide du milieu » (ϩⲏⲅⲟⲩⲉⲛⲟⲥ ⲛⲧⲉ ⲧⲙⲉⲥⲟⲥ) et la précision de « celui du milieu » (ⲡⲁⲧⲙⲉⲥⲟⲥ). Les appellatifs cherchent à faire la différence entre le « petit ïa » et « le grand ïa, le grand higoumène du milieu ». Par ailleurs, dans le livre IV (PS IV, 136, 353) il est question d’une invocation adressée par Jésus lui-même au « Père, vous Père de toutes les paternités, vous Lumière infinie » où apparaît le nom de ïa. Cela renforce donc l'idée d’une référence au tétragramme.
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